Yewwuleen N°24 du lundi 10 juin 2019

Par Amadou Ly Diome

Scandale de corruption au Sénégal, la presse internationale s’enflamme : Spéciale revue de presse #PetroGazGate

Allemagne : Le plus grand journal allemand, Spiegel, s’est largement intéressé sur le scandale présumé de corruption sur nos hydrocarbures révélé par la BBC. Un scandale qui défraie la chronique. Par la plume de Christoph Titz, le journal entame son papier avec une interrogation lancinante dès l’attaque  : « Le président sénégalais, Macky Sall, se présente comme un défenseur de la corruption. Maintenant son frère est accusé dans une entreprise de gaz louche. Le pays a-t-il été facturé des milliards de dollars ? »

Spiegel qui fait le compte compte-rendu de la rocambolesque affaire, note que Frank Timis, le mis en cause avec Aliou Sall, le jeune  frère du président sénégalais, « a déjà attiré l’attention sur des marchés de produits de base dans des pays africains, notamment en Sierra Leone ».
Le journal allemand conclut : « Pour le Président Sall, la soi-disant affaire Petro-Tim est délicate, car il avait déjà assuré lors de sa campagne électorale de 2012 de lutter contre la corruption. Peu de temps avant et après son élection, les accusations qui pèsent contre les interlocuteurs de la BBC tombent ».

France : Dans son édition du 4 juin, le journal Le Monde titre : « Au Sénégal, le frère du président soupçonné de corruption ». Matteo Maillard, l’auteur de l’article, écrit d’emblée que « c’est un scandale de corruption supposée qui ébranle le Sénégal jusqu’à sa Présidence. Aliou Sall, le frère du président Macky Sall, aurait bénéficié d’un pot-de-vin en contrepartie de l’attribution de concessions pétrolières et gazières dans les eaux sénégalaises, selon un reportage de la BBC paru le dimanche 2 juin. Si l’affaire Petro-Tim est connue depuis des années au Sénégal, la chaîne de télévision britannique va plus loin en affirmant détenir des documents confidentiels qui, pour la première fois, étayeraient ces soupçons de corruption ».

Le journal français explique que c’est dans un contexte où le Sénégal n’a pas encore découvert ses vastes champs gaziers offshore que la course battait son plein en 2011. « C’est dans ce contexte, écrit Le Monde, que la société Petro-Tim, quasi inconnue dans le milieu pétrolier, décroche auprès du gouvernement deux concessions offshore de 17000 km 2. Reste que cette entreprise n’a pas les moyens techniques ni les fonds nécessaires pour sonder de potentiels gisements de gaz. Ce qui interroge sur ce choix alors que d’autres acteurs plus expérimentés concouraient ». Et de poursuivre : « Petro-Tim cache le nom d’un homme d’affaires australo-roumain au passé obscur. Frank Timis a dirigé plusieurs sociétés minières et fréquenté des chefs d’État africains, du Burkina Faso à la Sierra Leone. Ses entreprises minières, dont plusieurs ont fait faillite, ont été accusées de corruption et de non respect des droits humains. L’une d’entre elles, Regal Petroleum, détient même le record de la plus forte amende à la bourse de Londres pour avoir trompé des investisseurs, leur promettant qu’il allait trouver du pétrole alors qu’elle savait les puits à sec ».

Le Monde porte l’estocade en écrivant : « Entre Petro-Tim et le gouvernement sénégalais, un premier accord est signé le 8 décembre 2011, alors que le président Abdoulaye Wade est encore en poste. En mars 2012, un nouveau chef de l’État, Macky Sall, est élu, en partie, pour son programme « contre la corruption érigée en système de gouvernance ». Malgré une enquête de l’inspection générale d’État révélant déjà que Petro-Tim ne remplissait pas les conditions d’obtention pour un permis de recherche et d’exploration des hydrocarbures, Macky Sall signe les décrets en juin 2012, au nom de la continuité de l’État. Un mois plus tard, son frère Aliou Sall, déjà consultant de Frank Timis, est nommé « country manager » de Petro-Tim ».

Franceinfo : Pour Franceinfo, « l’affaire secoue le Sénégal. Et pour cause. Le propre frère du président de la République est impliqué. Selon la très sérieuse BBC, Aliou Sall était salarié hautement placé, d’une société qui, en 2012, a obtenu deux concessions pétrolières et gazières au large du Sénégal. Il y a là, pour le moins, un étrange conflit d’intérêt ».

Cameroun : Le journal en ligne cameroun24.net titre que « La compagnie pétrolière BP a versé 10 milliards de dollars à l’homme d’affaires controversé, Frank Timis ». Notre confrère camerounais écrit ainsi que les concessions pétrolières « ne sont pas censées être accordées qu’à des entreprises ayant fait leurs preuves – et la société Petro-Tim n’avait même pas été créée au moment de la signature du contrat ».

Et de conclure : « Lorsque le président sénégalais Macky Sall a été élu quelques mois plus tard, il a ordonné l’ouverture d’une enquête sur la manière dont les blocs avaient été attribués. L’enquête a conclu que Petro-Tim devrait perdre les concessions, mais Macky Sall a néanmoins permis à l’entreprise de les conserver ».

Autant le dire ici et maintenant, les différents journaux parcourus par nos soins se délectent de cette affaire et les commentaires vont bon train et accentuent le malaise qui s’est installé au pays de la…teranga. Jusqu’au plus haut sommet !

Traduction arabe: Oustaz Mansour Sene

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