Il est un peu méconnu du public et même de certains cercles maraboutiques de Touba mais, il est le premier petit-fils du fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Khadim Rassoul. Et il était l’unique homme de sa génération, né en dehors des quatre communes (Dakar, Gorée, Rufisque et Saint Louis) qui conféraient la nationalité française à ses sujets, à disposer du précieux sésame.
Lui, c’est bien sûr, Serigne Modou Bara Mbacké, fils ainé et premier khalife de Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, lui-même fils de l’illustre Khadimoul Rassoul. Il est né en 1910 à Sanoussi – dans le cercle de Louga, première localité fondée par son père Serigne Bara sous le «ndigueul» de Serigne Touba- de Serigne Mouhamadou Lamine Bara et de Sokhna Khairy Gueye. Il ne restera pas longtemps à Sanoussi puisque son vénéré grand-père demandera qu’il le rejoigne à Diourbel. Serigne Modou Bara Mbacké fera ainsi ses humanités coraniques auprès du saint homme. Un rare privilège à cette époque.
Il fera après, comme ses congénères, le tour des grandes Universités islamiques notamment celle de Tindodi fondée par Serigne Mouhamadou Moustapha et dirigée par un grand savant répondant au nom de Serigne Moctar Alé Lô. C’est à Tindodi qu’il maîtrisa le Livre Saint et écrivit son premier Coran. Sa quête du savoir le conduira auprès de grands érudits comme Serigne Mbacké Bousso et Serigne Habibou Mbacké. De même, des érudits mauritaniens très proches de Serigne Touba à l’instar de Ibn khabil khassani qui venaient souvent à Diourbel ont également enseigné à Serigne Modou Bara. Il en est ainsi aussi de Serigne Ady Touré de Fass qui était fasciné par la profondeur des connaissances du premier petit fils de Cheikh Ahmadou Bamba. Lequel avait un don de Dieu et maitrisait parfaitement la fatwa et, ce n’était point une surprise quand on sait qu’il fit ses premiers pas dans la quête du savoir auprès de son illustre grand-père, Serigne Touba. Il a beaucoup écrit. Des poèmes en arabe et en wolof. Serigne Modou Bara Mbacké était méthodique dans ses poèmes et avait une vision des plus modernes.
Il a écrit un «xassida»sur son père, Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké et ce qu’il représente dans la voie du mouridisme. Serigne Bara lui avait même confié ses derniers projets d’écriture. En cas de divergence avec son géniteur, il lui laissait toujours entendre que même s’ils allaient ensemble devant le Seigneur, Celui-ci reproduirait les mêmes formules qu’il lui présentait. Serigne Modou Bara Mbacké fait assurément partie de ceux qui ont laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du mouridisme, de l’Islam et de la poésie arabe.
MISSION
Serigne Bara lui demandera de fonder une localité nommée Taysir. Il y enseignait lui-même ses disciples. Il avait une belle voix et montrait aux disciples comment chanter les «xassida». Il vivra ainsi jusqu’à la disparition de son père en 1936. Serigne Modou Bara Mbacké devint khalife de son père et fit de la réunification de la famille de Serigne Mouhamadou Lamine Bara son sacerdoce. Il avait beaucoup de terres à Taysir et était un grand cultivateur. Il participait activement au développement du pays et étendait ses activités dans les autres localités fondées par son père. Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké qui avait la même mère que Serigne Mouhamadou Lamine Bara, la brave Sokhna Aminata Lô, et Serigne Fallou Mbacké lui vouaient une réelle admiration. Ses prières, dit-on, se réalisaient aussitôt formulées. Serigne Modou Bara Mbacké a laissé un seul fils, Serigne Khadim Modou Bara, et des filles. Il disparut en 1952 à l’âge de 42 ans.
RAPPORT AVEC LE COLON
Serigne Modou Bara Mbacké était d’une rare ouverture et entretenait d’excellents rapports avec le Colon français. Il avait fait de ses terres des titres fonciers et avait même acquis la nationalité française (Voir document exclusif) à une époque où seuls les ressortissants des quatre communes en avaient droit. A chaque fois, qu’il descendait à Dakar ou Saint Louis, son premier acte était d’aller saluer le Gouverneur général. Une fois, raconte son khalife, Khadim Modou Bara, il a demandé à Mama Ndiaye de l’accompagner à la gouvernance de Saint Louis, en lui recommandant de chanter à haute et intelligible voix un «xassida» tout au long du trajet et jusque devant le Gouverneur. Arrivés sur les lieux, il constata que le rythme des «xassida» avait baissé d’intensité et n’était plus aussi soutenu. Il se retourna et interpella Mama Ndiaye en ces termes «Khana da nga ragal toubab ?» A la réponse affirmative de son interlocuteur, il martela : «Toubab nitt kessé laa, Chantes». Ils seront chaleureusement accueillis par le maître des lieux, venu à leur rencontre.
Serigne Modou Bara disposait aussi de beaucoup de véhicules. Il était le trait d’union entre le colon et les disciples.
GAINDE BARA
Serigne Modou Bara Mbacké avait un courage inouï. Il avait foulé aux pieds le complexe qui existait à l’époque entre le Colon et ses sujets. Il ne rechignait pas à monter au créneau pour rappeler à l’ordre le Gouverneur. Une fois, à Dakar, à quelques encablures du palais où il logeait, il avait tiré des balles de fusil et les gens, paniqués, avaient accouru chez lui. Avec le sourire, il laissa entendre qu’il essayait ses fusils qui avaient des autorisations administratives. Il était très généreux et répondait à toutes les sollicitations de ses disciples qui le surnommaient affectueusement «Gaindé Bara». Il était l’ainé de 2 ans de Serigne Cheikh «Gaindé» Fatma Ibn Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, premier khalife de Serigne Touba.
Source : www.lavoixplus.com
Serigne Modou Bara est fils de Serigne Bara et Sokhna Khari Gaye au lieu de Khari Gueye
C’est Khary Gaye au lieu de Khary Gueye