Un collectif d’imams, dénommé Comité de pilotage pour la sauvegarde des valeurs éthiques et morales dans le département de Thiès compte s’engager, entre autres « champs de bataille », dans la lutte contre l’insalubrité, lancée par le président de la République, selon son coordonnateur Mouhamad Mbaye.
L’imam Mouhamad Mbaye s’exprimait en marge d’un panel sur le rôle de l’imam dans la société, organisé dans une salle de la mairie de Thiès par un collectif d’imams issus de diverses sensibilités.
Quelque 45 imams membres d’associations d’imams de Thiès ouest, de Darou Salam, du Rassemblement islamique du Sénégal (RIS), de la Jamatou Ibadou Rahmane (JIR), de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal (LIPS), ont largement échangé.
« Les déchets sont la conséquence des mauvais comportements que nous avons », a dit l’imam Mbaye, relevant que la salubrité fait partie des « autres champs de bataille » que le collectif compte investir, après avoir réussi à faire enlever des affiches faisant la publicité de l’alcool dans la ville.
« Les déchets trouvés dans les rues, la cause c’est les déchets spirituels et de comportement », a-t-il noté, estimant qu’en travaillant à les parfaire, « les déchets vont disparaître ».
Le Collectif né après l’apparition de panneaux publicitaires « heurtant la sensibilité des musulmans », a contacté les chefs religieux, le préfet et lancé une pétition qui a récolté 4.688 signatures en une semaine, grâce à un sermon commun prononcé dans 40 mosquées de Thiès. Parmi ses signataires, Elhadji Mounirou Ndiéguène, le khalife de Keur Mame Elhadji, un foyer religieux de Thiès.
Selon lui, le collectif sera « maintenu et officialisé ». Pour Mouhamad Mbaye, l’imam a une « position privilégiée, lui permettant de regrouper au moins vingt personnes cinq fois par jour et au moins 300 personnes une fois par semaine » lors de la prière du vendredi. Une tribune où il est interdit à tout le monde sauf à l’imam de parler.
D’où la nécessité, de parler aux fidèles dans une langue qu’ils comprennent, selon le Docteur Moustapha Kaye, un des trois panélistes. « La mosquée peut jouer un rôle dans un quartier que ni la police ni la gendarmerie ne peuvent accomplir », si l’imam est au fait de la mission d’éducation et d’orientation qui est la sienne, a-t-il affirmé.
« Si tous les imams étaient à la hauteur du rôle qu’on attend d’eux, ils pouvaient changer tout ce qui ne leur plaît pas dans ce pays », a souligné, dans le même sillage, l’imam Ahmed Dame Ndiaye, responsable de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal (LIPS).
Dans sa communication, le Docteur Moustapha Kaye, un des trois panélistes, a relevé que l’imam modèle doit être animé de la « bonne intention de faire jouer à la mosquée son rôle dans la société ». Il doit être humble, afin de s’ouvrir à la concertation et à la critique, a-t-il estimé, soulignant l’importance de l’humilité, dont le manque peut être source de dissension dans la communauté.
L’imam, en tant que guide, doit s’engager dans la marche de sa société, a-t-il poursuivi. Pour le panéliste, ce responsable religieux de premier ordre dans une société musulmane, doit aussi être cultivé et au fait de l’actualité, vu sa position de référence devant orienter les fidèles en toute circonstance.
« L’imam doit être véridique et courageux », des valeurs qui ne peuvent reposer que sur son indépendance économique, a poursuivi le panéliste. Il a souligné le danger de voir l’imam, référence de toute une communauté, subjugué par un individu ou un groupe quelconque.
La sagesse, la patience, l’ouverture d’esprit, la pédagogie et la discrétion sont autant de valeurs qui doivent caractériser ce leader religieux, plus que tout autre musulman, vu son rôle de confident au sein de la communauté.
Au menu de ce panel, il y avait trois communications sur « les qualités d’un imam efficace », par le Docteur Moustapha Kaye, « les (méthodes) de l’imam dans l’orientation des comportements », par le Professeur Makhtar Kébé, et « l’avenir de l’imamat au Sénégal », par l’imam Ahmed Dame Ndiaye.