PRESENTS DE PLUS EN PLUS DANS L’ESPACE POLITICO-MEDIATIQUE : La revanche des «nittu daraa»

L’As – L’élection de l’homme d’affaires Serigne Mboup à la mairie de Kaolack à l’issue des élections territoriales du 23 janvier dernier est symbolique. Ayant fait fortune dans le privé, le nouvel édile de la capitale du Saloum a la particularité d’être un ancien pensionnaire du ‘’daara’’ de Coki. Et sa montée en puissance vient confirmer la présence de plus en plus remarquée dans l’espace politico-médiatique de personnalités venant de ces écoles non classiques.

«Nous sommes tous les deux issus des ‘’daara’’. Et je suis fier à chaque que je vois un des nôtres réaliser quelque chose de grandiose et confirmer la qualité des compétences venues de ces écoles coraniques», a affirmé avec satisfaction le khalife général de Médina Baye, Cheikh Mahi Niasse, à l’occasion de la visite du tout nouveau maire de Kaolack, Serigne Mboup. Soutenu lors des élections territoriales par le directeur de l’Institut Abdoulaye Niasse de Médina Baye et non moins fils de Baye Niasse, Cheikh Mounhamina Niasse qui est très proche de son grand frère, Serigne Mboup a obtenu une victoire saluée dans cette cité religieuse comme celle du ‘’Nittu daara‘’. Une consécration qui vient entériner l’éclosion notée ces dernières années de figures issues de ces écoles ‘’non classiques‘’ dans l’espace politico-médiatique.

Avant l’homme d’affaires Serigne Mboup, l’ancien Président Abdoulaye Wade avait fait confiance à Serigne Cheikh Abdou Mbacké pour diriger la présidence du groupe parlementaire libéral après la démission de Me Madické Niang. Auteur d’un travail remarquable au sein de l’hémicycle, le marabout mbacké-mbacké symbolise lui aussi cette montée en puissance des ‘’talibés‘’ dans les instances de décision. Au sein de l’Assemblée nationale, il y a lieu de signaler aussi la présence de Cheikh Bara Doly qui est plus clivant que son frère, mais aussi celle de Cheikh Khouraichi Niasse, engagé en politique depuis plusieurs années au côté de Moustapha Niasse. Et ce n’est pas simplement dans l’espace politique qu’ils sont présents.

Dans l’espace médiatique, on assiste à l’irruption d’iconoclastes chroniqueurs issus des daara. Et parmi eux, le plus en vue actuellement est sans doute Bara Ndiaye, chroniqueur à «Walfadjri», qui décrypte toutes les semaines les faits saillants de l’actualité. Décomplexé et pointu dans ses analyses, il est en train de disputer l’espace médiatique aux chroniqueurs traditionnellement connus sur les plateaux de télévisions. Serigne Mbacké Sylla de «Sud Fm» loge dans la même enseigne.

Connu pour son sarcasme déroutant, il passe en revue chaque jeudi, en compagnie du célèbre prêcheur Oustaz Alioune Sall, les actualités politiques et sociales de la semaine. Ils ont le vent en poupe en termes d’audience.

Dans le même ordre d’idées, le fils de Serigne Fallou Mbacké, Cheikh Abdou Rafahi Mbacké, sort de plus en plus de sa réserve. Il profite de ses sermons très repris dans les réseaux sociaux pour donner son avis sur la marche du pays. Décrit comme quelqu’un de très véridique, il ne rate aucune occasion pour interpeller les hommes politiques et certains chefs religieux, à commencer par la ville sainte de Touba, à revoir leurs comportements. Sans langue de bois, il est très écouté.

Sur le plan intellectuel, une personnalité comme imam Makhtar Kanté est célèbre pour ses prêches sociopolitiques. Avec des publications scientifiques très fouillées, l’imam 2.0 intervient beaucoup également dans les réseaux sociaux pour faire des commentaires très prisés sur les sorties des hommes politiques et religieux.

AL MAKTOUM, CHEIKH MBACKE GAINDE FATMA, SIDY LAMINE NIASSE, SERIGNE MANSOUR SY DJAMIL …CES PIONNIERS QUI ONT OUVERT LA VOIE

Ecrivain, imam Makhtar Kanté est à la fois un esprit ouvert et très critique. Il en est de même pour la petite fille de Cheikh Ahmadou Bamba, Sokhna Maïmouna Djamil Mbacké. Très engagée dans des combats qui touchent les femmes avec une approche beaucoup plus endogène et débarrassée de son substrat néocolonial, cette brillante universitaire qui a fait ses humanités dans les daara est une figure montante du paysage médiatique.

Le président du Cadre Unitaire de l’Islam (Cudis) Cheikh Tidiane Sy se fait de plus en plus remarquer. Brillant intellectuel, l’homme d’affaires et non moins fils de l’ancien khalife Abdou Aziz Sy Al Amine, est en train d’apporter sa pierre à la construction de la nation en participant à la consolidation de la paix dans le pays. La dernière en date a été la charte lancée pour des élections apaisées et qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Il faut signaler en outre que des personnalités aussi emblématiques que Serigne Mansour Sy Djamil (député et président de Bés du Ñakk), Sidy Lamine Niasse (fondateur du groupe Walf Fadjri),

Serigne Cheikh Mbacké Gaindé Fatma, opérateur économique prospère et un des plus grands bailleurs du Pds à sa création en 1974, ou encore l’ancien khalife général Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum. Ce dernier est l’un des premiers dignitaires issus des ‘’daara’’ à créer un parti politique avec le soutien de Cheikh Ibrahima Niasse et Cheikh Gaindé Fatma. Diplomate, homme d’affaires, intellectuel hors norme, le père de Serigne Moustapha Sy est une référence et une synthèse dans la déconstruction de ces stéréotypes et de cette dichotomie qui a toujours existé entre ceux qui sont issus de l’école dite clas- sique et ceux des ‘’daara’’.

Mamadou Mbakhé NDIAYE contact@lavoixplus.com

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