NOTES DE RAMADAN : Descente et transmission du Coran

Le Ramadan est le mois du Coran. C’est dans la nuit de Qadr (Coran 97:1), la nuit bénie (Moubârakah) – Coran 44 : 1-3) qu’il a été descendu de «lawhul mahfûz» (la Tablette préservée) à «baytul ‘izzah» (la Maison de la grandeur) dans le ciel auquel appartient la terre (sama-ud-dunya) où Dieu a domicilié l’humanité. C’est durant le mois de Ramadan qu’a eu lieu la fameuse rencontre entre l’archange Jibrîl (paix sur lui) et le futur messager de Dieu, Muhammad (SAWS) et que le premier dicte au deuxième les cinq premiers versets du Coran (Coran 96 : 1-5). Puis ce fut pendant une vingtaine d’années (612-632), un «exercice» de mémorisation, d’écriture, de transmission et d’enseignement du Coran qui sera bellement assurée par la dernière Oumma.

Le prophète (SAWS) récite tels quels les versets qui lui sont dictés par Jibrîl (paix sur lui) et demande aux rares scribes parmi ses compagnons, d’écrire sur ce qui était disponible à l’époque à la Mecque comme des peaux tannées, des omoplates de chameau, des planches de bois, etc. Le prophète (SAWS) lui-même avait reçu l’ordre d’accomplir des prières nocturnes avec les versets et sourates que Jibrîl (paix sur lui) lui dictait (Coran 73: 1-4). Le Coran est donc préservé par la mémorisation, la récitation et l’écriture. La préservation par la mémoire se renforce à travers l’obligation de réciter le Coran dans les prières quotidiennes. C’est tout le groupe en prière qui reste attentif à la récitation de l’imam. S’il récite à haute voix et se trompe, il est corrigé ou rappelé à ce qu’il a oublié. Le prophète (SAWS) lui-même reçoit l’injonction d’aller écouter un de ses compagnons réciter le Coran!

Au rappel à Dieu du prophète (SAWS), tout le Coran était mémorisé et écrit par certains de ses illustres compagnons (qu’Allah les agrée), hommes et femmes, adultes et jeunes, arabes d’origine comme non arabes : «Une découverte exceptionnelle. Alors qu’elle prépare sa thèse de doctorat, Alba Fedeli, chercheuse italienne à l’université de Birmingham, au Royaume-Uni, tombe sur ces curieuses bribes du Coran en consultant une collection de livres et de documents du Moyen-Orient. Jusqu’alors, jamais personne n’avait soupçonné le caractère extraordinaire de ces extraits qui dormaient dans les archives de Birmingham depuis un siècle. Intriguée par la découverte de la chercheuse, l’université anglaise décide donc de réaliser une datation au carbone 14.Avec un degré de certitude de 95,4%, l’analyse conclut que les deux feuillets manuscrits du livre sacré ont été rédigés entre 568 et 645 de notre ère. Or, dans la tradition islamique, Mahomet a vécu entre 570 et 632. Il est donc hautement probable que ces bribes du Coran aient été rédigées du temps du Prophète». Voir site TV5Monde, Amélie Revert, mise à jour 2021.

Avant l’hégire en 622, le Coran est «présent» en Afrique lorsque Jafar Ibn Abi Talib, porte parole d’un groupe de compagnons (qu’Allah les agrée) qui avait reçu l’autorisation du prophète à émigrer en Abyssinie (l’Éthiopie actuelle) récite devant le Négus chrétien, qui était ému aux larmes, des versets relatifs à Jésus et sa mère Marie (paix sur eux). Puis cette «présence» et «circulation» du Coran s’est poursuivie en Afrique.

Pour ce qui est du Sénégal, cette «présence» et «circulation» du Coran se sont faites de façon qui mérite d’être retracée comme il sied par les historiens, les islamologues et les spécialistes de disciplines connexes. Par le truchement des Daaras, des érudits d’une ténacité, d’une pédagogie et d’une intelligence sociale voire politique hors du commun ont admirablement joué leur partition et contribué de façon décisive à la «présence» et à la «transmission» du Coran dans le pays depuis le Xe siècle.

Dans son roman, l’aventure ambiguë, Cheikh Hamidou KANE dépeint le «redoutable» maître coranique en ces termes : «Le maître, rasséréné, était plongé dans ses prières. L’enfant savait sa leçon du matin. Sur un signe du maître, il avait rangé sa tablette. Mais il ne bougeait pas, absorbé dans l’examen du maître qu’il voyait maintenant de profil. L’homme était vieux, maigre et émacié, tout desséché par ses macérations. Il ne riait jamais. Les seuls moments d’enthousiasme qu’on pouvait lui voir étaient ceux pendant lesquels, plongé dans ses méditations mystiques, ou écoutant réciter la Parole de Dieu, il se dressait tout tendu et semblait s’exhausser du sol, comme soulevé par une force intime».

Tout ce qui précède est un bref récit d’une des façons, dans la dimension texte, dont la divine promesse de la préservation du Coran s’est réalisée dans l’histoire. Satan, le maudit, n’a rien pu faire contre. Ce livre est récité par coeur et écrit sans faute aucune par des milliers de musulmans et musulmanes depuis la fameuse rencontre vers 610. Et ça va continuer jusqu’à la fin des temps : «En vérité c’ est Nous qui avons fait descendre le Zikr (le Coran), et c’ est Nous qui en sommes Le Gardien. (Coran 15 : 9).

qu’Allah nous accorde d’aimer le Coran et de nous laisser guider par sa sublime lumière. Aamiin.


Imam Makhtar Kanté

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