Le Témoin – À l’origine, c’est par un arrêté du Gouverneur du Sénégal, daté du 17 février 1903, que Maodo reçut l’autorisation de construire la Grande Mosquée de Tivaouane souvent en modification, avec l’affectation d’un terrain de 1 200 m2. Au fil des années, ce lieu de culte a porté les bases de sa première Zawiya, abritant les veillées nocturnes du Gamou ou Mawlid Al Naby, célébrant la naissance du Prophète Mohammed (PSL).
Après la disparition du Saint Homme de Tivaouane (1852-1922), ses héritiers, sous l’autorité de Cheikhal Seydi Khalifa Babacar Sy (1885-1957), décident de perpétuer son œuvre en engageant une première rénovation en 1940. C’est en 1979, sous le magistère du Khalife El Hadji Abdoul Aziz Sy «Dabakh Malock», que cette maison de Dieu connut son extension et prit sa forme actuelle.
Les travaux de la Grande mosquée de Tivaouane reprennent en septembre 2020 pour une durée de 18 mois à l’initiative du Khalife général des Tidianes Serigne Mbaye Sy Mansour. En 2019, il décide la finition complète de l’édifice en sollicitant la contribution de tous les musulmans à cet important projet dont le budget estimatif tourne autour de quinze milliards FCFA. Ce qui permettra à coup sûr de mettre en valeur l’un des plus vieux lieux de culte devenu aujourd’hui un symbole de la Tarikha Tidiane au Sénégal.
Après le lancement en décembre 1996 d’une première campagne de collecte de fonds qui devait prendre en compte la finition des minarets, la reprise du chantier, financée grâce à une grande campagne de colette de ressources financières, permit de réunir plusieurs milliards de FCFA. «Il y a assez d’argent aujourd’hui pour construire cette mosquée. Le comité, qui a la charge de la question, est à pied d’œuvre pour poursuivre la mission. Nous pensons avoir bientôt une mosquée avec un nouveau visage», a indiqué le président du cadre unitaire de l’Islam au Sénégal, Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Amine.
Un chef d’œuvre architectural qui a traversé les époques et les générations
C’est à la faveur du Gamou annuel 2019 que le Khalife Serigne Babacar Sy Mansour avait émis le vœu de voir, enfin, s’achever les travaux de rénovation de ce chef d’œuvre architectural qui a traversé les époques et les générations. «Toute une symbolique qui entoure ce projet qui catalyse les aspirations cultuelles de toute une communauté», rappellent des proches du Khalife général qui convoquent l’histoire pour remonter à «l’année 1902 à partir de laquelle, Tivaouane, jadis ancien terroir des Ceddo connus pour leur opposition légendaire à l’expansion de l’Islam et leur gout prononcé pour le syncrétisme, vit les prémisses d’un renouveau spirituel porté par Maodo qui a fait du combat pour l’expansion de l’islam sa seule raison d’être. Le saint homme venait de s’installer au cœur de la ville-pieuse sur invitation des dignitaires de la localité avides de mieux connaitre leur religion. Laquelle Cité devenait dès lors le berceau de la Tijaniyya en Afrique de l’Ouest, porté par l’aura de ce maître spirituel confirmé». En 1903, pour ancrer les pratiques religieuses dans les mœurs des populations, le saint homme d’une dimension exceptionnelle émit le vœu d’y construire la première mosquée et obtint une autorisation de l’administration par arrêté du gouverneur du 17 février de la même année. Quelques mois plus tard, au cours de l’année 1904, Tivaouane devait inaugurer son premier lieu de culte. Seydi El Hadji Malick Sy y dirigea la première prière du vendredi. Un symbole fort. «C’est ainsi qu’au fil des années, cette dite mosquée, qui va porter les bases de sa première Zawiya, allait servir à accueillir les veillées nocturnes du Gamou ou Mawlid Al Naby célébrant la naissance du Meilleur des êtres (PSL) et à rythmer la vie spirituelle de la communauté formée autour de sa famille notamment ses fils : Serigne Babacar Sy, El Hadj Mansour Sy et Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh», souligne Abdoul Aziz Diop, petit-fils de Maodo.
À la disparition de Seydi El hadji Malick Sy, Serigne Babacar Sy, assisté par El Hadj Mansour Sy Malick, entame une première rénovation en 1940. Une façon de contribuer à bien maintenir le bâtiment qui restait debout au fil des générations. Et plus tard, à l’origine de l’imposante bâtisse qu’elle était devenue, la Khalife El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh eut l’idée d’en faire une Grande Mosquée. Ce, non seulement en hommage à son père Maodo, mais également et surtout pour sceller l’unité de la famille Sy. Un projet qui est aussitôt parrainé par El Hadji Saïdou Nourou Tall et confié à El Hadj Habib Sy. La première cérémonie de lancement des travaux, qui eut lieu vers la fin de l’année 68-69 à Tivaouane, avait rassemblé d’illustres personnalités comme Serigne Cheikh Mbacké Gaindé Fatma, Serigne Hady Touré, Thierno Saidou Nourou Tall parmi tant d’autres. El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh a donc marqué son Khalifat avec la construction de cette Grande Mosquée dont les travaux débutèrent quelques années plus tard, le 8 janvier 1979. L’architecte Cheikh Ngom fut désigné pour en concevoir les plans et la maquette, présenter des esquisses, puisque l’édifice a fait l’objet d’un projet ancien.
Un challenge de la communauté spirituelle se réclamant de Mawlana Cheikh Al Hadj Malick Sy
Le projet comportait la Grande Mosquée proprement dite avec une salle de prière et une Mezzanine, la mosquée des femmes, la bibliothèque qui sera érigée sur l’espace de l’ancienne mosquée et les bâtiments annexes qui doivent accompagner la mosquée.
Suite au rappel à Dieu de Dabakh Malick, son successeur, Serigne Mansour Sy Borom Daara Ji, s’engagea à jouer sa partition dans les travaux de rénovation avec quelques investissements, en collaboration avec ses frères. Aujourd’hui, les travaux de finition de la Grande Mosquée restent un des plus grands challenges de la communauté spirituelle se réclamant de Mawlana Cheikh Al Hadj Malick Sy. «En termes de rythme d’exécution, nous sommes conscients que nous tiendrons les délais que nous avons annoncés. Nous avons commencé les travaux de gros œuvre en avril 2021 et nous avons l’ambition de (les) finir en juin 2022. C’est un édifice qui va recevoir plus de 20 000 personnes», a indiqué Abdou Aziz Guèye, maître d’œuvre, selon qui «la Grande Mosquée El Hadji Malick Sy de Tivaouane sera livrée en fin juin 2022.
Au lancement officiel des travaux d’achèvement de la Grande Mosquée de Tivaouane, le lundi 14 septembre 2020 dans la Cité religieuse de la confrérie musulmane soufie des Tijanes du Sénégal, le Khalife Serigne Babacar Sy Mansour avait dit avoir «mobilisé toutes les autorités religieuses du Sénégal sans distinction de confrérie».
Cérémonie au cours de laquelle l’architecte en charge de la construction, Maodo Malick Faye, avait expliqué qu’«après les travaux, seul l’intérieur de l’édifice va changer. Le bâtiment El Hadji Malick sera transformé en musée après rénovation».
«A travers cet appel à la contribution des disciples Tijanes, Serigne Babacar Sy Mansour a voulu fédérer toute la communauté», explique l’universitaire et islamologue, le Pr Abdoul Aziz Kébé. Il souligne que «les mosquées sont des espaces d’égalité. Et ces espaces d’équité nous permettent de revenir dans nos sociétés en citoyens égaux, imbus des mêmes responsabilités et tendus vers l’agrément de Dieu. C’est la dimension que Serigne Babacar Sy Mansour donne à cet appel».
Cheikh CAMARA,
Correspondant permanent à Thiès